Le patriote (Jean Feron)

Le patriote : grand roman canadien inédit
par Jean Féron (1881-1946) publié: 1926



Le patriote : grand roman canadien inédit
par Jean Féron (1881-1946) publié: 1926


Le patriote : grand roman canadien inédit
par Jean Féron (1881-1946) publié: 1926

Lire en ligne: https://archive.org/details/lepatriotegrandr00fero


HINDENLANG (Hindelang), CHARLES (désigné parfois sous les noms de Lamartine et de Saint-Martin), patriote, né le 29 mars 1810 à Paris ; décédé le 15 février 1839 à Montréal.



Fils de commerçants parisiens d’origine suisse protestante, Charles Hindenlang s’était enrôlé dans l’armée française au moment de la révolution de Juillet. Il avait conquis plutôt lentement ses premiers grades d’officier. À l’automne de 1838, il se retrouvait à New York où le commerçant français Bonnefoux (Bonnafoux) le recruta pour l’armée des patriotes et le présenta à Ludger Duvernay*. Il s’engagea en même temps qu’un autre officier français, Philippe Touvrey, et deux officiers polonais, Oklomsky et Szesdrakowski. Ils furent envoyés à Rouses Point, dans l’état de New York, où Théophile Dufort les reçut avant de leur faire traverser la frontière avec Robert Nelson*. Ils arrivèrent à Napierville, dans le Bas-Canada, dans la nuit du 3 au 4 novembre 1838. Cyrille-Hector-Octave Côté salua Nelson comme « président du gouvernement provisoire » et présenta Hindenlang comme « le brigadier général Saint-Martin ». Ce dernier devait apprendre les manœuvres tactiques aux patriotes réunis à Napierville. Mais le temps pressait. Après l’échec des soulèvements de Beauharnois, de Laprairie (La Prairie) et de Caughnawaga (Kahnawake), le lieutenant général sir John Colborne* avait décidé de marcher vers la frontière avec 5 000 hommes. Nelson précipita donc son départ avec Hindenlang et 600 hommes pour Odelltown, lieu stratégique de la frontière américaine. Le 8 novembre, ils étaient à Lacolle et, le 9 au matin, à Odelltown, où des volontaires s’étaient retranchés dans l’église. Sans un seul canon et presque sans armes, les patriotes ne purent assiéger longtemps l’église et durent battre en retraite à la fin de l’après-midi. Revenus à Napierville, ils reçurent l’ordre de se disperser. Hindenlang partit avec un groupe de 14 hommes mais, épuisé, il se retrouva seul avec le jeune Adolphe Dugas, étudiant en médecine, et fut arrêté avant d’avoir pu passer la frontière. Quand les Britanniques surent qui ils avaient arrêtés, ils expédièrent Hindenlang à Montréal où il fut écroué le 14 novembre 1838.



Durant les trois mois suivants, Hindenlang adopta une attitude ambiguë, voire contradictoire. Dès son arrivée à Montréal, il signa une longue « déclaration » dans laquelle il affirmait avoir été trompé par les chefs de la rébellion. Il accablait surtout Nelson, qu’il traitait de fourbe, de lâche et de vendu, et terminait sa confession en offrant de servir la bonne cause pour faire oublier quelques heures d’égarement. Chose surprenante, cet écrit parut dès le 17 novembre 1838 dans le journal montréalais l’Ami du peuple, de l’ordre et des lois, en même temps que deux lettres d’Hindenlang, l’une à son compagnon Touvrey, et l’autre à un ami prénommé Henri. Ces lettres étaient ainsi publiées avant même que les destinataires aient pu les recevoir. Dans la lettre à Touvrey, Hindenlang reprenait ses accusations contre Nelson et parlait même de la générosité des Britanniques. Il faut savoir que, d’une part, le jeune officier avait signé sa confession dès son arrivée à la prison de Montréal à la sollicitation et en présence de Pierre-Édouard Leclère*, juge de paix bien connu. D’autre part, Touvrey démentit, dans l’Estafette de New York, les propos d’Hindenlang, à savoir qu’il était venu à New York pour s’occuper du commerce familial. Au contraire, selon Touvrey, Hindenlang aurait décidé de venir combattre pour la liberté dès que l’insurrection de l’automne de 1837 avait été connue à Paris. On peut certes se demander comment la déclaration lui fut arrachée. Côté affirma pour sa part le 30 octobre 1839, dans le North American de Swanton, Vermont, que Leclère en aurait écrit une partie, notamment le paragraphe sur son offre de collaboration.

Le 22 janvier 1839, Hindenlang subit son procès devant un conseil de guerre. C’est l’avocat irlandais Lewis Thomas Drummond* qui l’assista. Parmi les neuf témoins assignés par la poursuite, il y avait quatre Canadiens, dont le curé de la paroisse Saint-Cyprien, à Napierville, Noël-Laurent Amiot, qui affirma qu’Hindenlang avait traité les Canadiens de lâches après la bataille d’Odelltown. Inculpé sous quatre chefs d’accusation, le jeune Français fut trouvé coupable, mais les juges lui donnèrent deux jours pour préparer sa défense. Le 24 janvier, il invoqua deux arguments de droit pour faire invalider son procès : d’abord, on l’avait cité sous le nom d’Hindelang au lieu d’Hindenlang, puis il ne pouvait être jugé que par ses pairs, c’est-à-dire par un jury, puisqu’il était dans un pays de droit criminel anglais. Les deux points de droit furent rejetés. Il fit ensuite un discours où il affirma que le seul tort qu’il avait eu était de ne pas avoir réussi, mais sans accabler cette fois les chefs patriotes. On le condamna à mort. Le surlendemain, il écrivit une longue lettre au gouverneur Colborne pour lui rappeler que des Britanniques avaient eu la même conduite en Espagne et que, pourtant, ils avaient été considérés comme prisonniers de guerre et non exécutés comme rebelles. Dans cette lettre, il fustigeait encore la conduite de Nelson.

La nouvelle que des exécutions étaient imminentes arriva à la prison de Montréal le 12 février 1839 puis, le lendemain, la liste des cinq condamnés désignés pour la pendaison fut connue. Le 15 février, à neuf heures du matin, Hindenlang monta bravement à l’échafaud, assisté du docteur John Bethune*, rector de la Christ Church, à Montréal. Il fit un petit discours et cria « Vive la liberté ! ». Il avait rédigé ce discours en plusieurs exemplaires à partir de six heures du matin, afin que les autres prisonniers le copient et le fassent circuler. L’historien Mason Wade a pu dire qu’Hindenlang avait été condamné parce qu’il avait « refusé de donner des informations à l’État pour avoir la vie sauve ». Le fait est vraisemblable, encore qu’on ne pourra jamais savoir s’il était venu d’abord courir l’aventure de la liberté ou établir le commerce de son père. La postérité a voulu garder un bon souvenir de sa mort courageuse à côté de Chevalier de Lorimier, d’Amable Daunais, de François Nicolas et de Pierre-Rémi Narbonne.

La présence d’Hindenlang pose la question du rôle de la France et des Français dans la rébellion de 1837–1838. Chose certaine, le gouvernement français n’a jamais participé de près ou de loin à l’insurrection. L’ambassadeur de France à Washington, Édouard de Pontois, a suivi les événements en observateur attentif, comme il était de son devoir de le faire. À l’été de 1837, venu dans la vallée du Saint-Laurent, il ne manqua pas de rencontrer les autorités civiles. Il assista encore à une assemblée des patriotes à Saint-Constant, près de Laprairie, et prit même un repas avec Louis-Joseph Papineau*. Après l’arrestation d’Hindenlang, il demanda à son homologue britannique à Washington, Henry Stephen Fox, d’intervenir auprès de Colborne pour que ce dernier traite humainement Hindenlang. Des quelques autres Français qui se sont prononcés, à titre individuel, pour ou contre la rébellion, la plupart se montrèrent favorables aux patriotes. Parmi ces derniers se trouvent les commerçants Bonnefoux et Victor Bréchon, le comédien Firmin Prud’homme, Joseph Lettoré et d’autres. Du côté des bureaucrates, il y eut le supérieur du séminaire de Saint-Sulpice à Montréal, Joseph-Vincent Quiblier*, et les journalistes Alfred-Xavier Rambau* et Hyacinthe-Poirier Leblanc* de Marconnay.

Un dernier épisode allait clore l’histoire de Charles Hindenlang au Bas-Canada. Selon le curé Étienne Chartier*, Papineau aurait voulu poursuivre Colborne aussitôt qu’il sut que le Vieux Brûlot rentrait en Angleterre. Il s’entendit avec l’ancien représentant en Angleterre des intérêts de la chambre d’Assemblée du Bas-Canada, John Arthur Roebuck*, pour intenter, à la Cour du banc du roi, une poursuite au criminel pour meurtre. Le jeune Guillaume Lévesque*, de Montréal, qui avait partagé la cellule d’Hindenlang, et le propre frère de celui-ci se seraient constitués partie civile. Toujours selon Chartier, les ministres de Westminster, ayant eu vent de l’affaire, en avertirent la reine Victoria, qui s’empressa d’élever Colborne à la pairie. Ce qui, à toutes fins utiles, le soustrayait à la justice. Roebuck et Papineau durent abandonner l’idée de poursuivre lord Seaton.

Claude Galarneau 


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