Jean-Olivier Chénier, de médecin à héros - Les Patriotes de Chénier sur Vimeo
Voici un extrait de la page 17
Laurent-Olivier David : Le Héros de Saint-Eustache (pdf)
Un
patriote, héros malgré lui:
Jean-Olivier Chénier
Jean-Olivier Chénier
Francis Legros (Histoire et
Civilisation)
Dans l'histoire du Québec, au début du régime britannique, il
y eut plusieurs bouleversements majeurs. Une des périodes les plus marquantes de
ces troubles fut la révolte des patriotes de 1837-1838. Aujourd'hui, on pourrait
être porté à penser que cette révolution ne fut pas très importante puisqu'elle
fut très rapidement mâtée par les troupes anglaises. Pourtant, elle a tout de
même marquée profondément son époque. On est souvent porté à oublier les
combattants de cette guerre. Cet oubli constitue un terrible manquement à la
mémoire historique puisque certains d'entre eux ont justement traversé
l’histoire par leurs comportements héroïques. C'est le cas de Jean-Olivier
Chénier. Ce combattant patriote, par son implication dans la révolte de
1837-1838, fut vraiment un héros populaire que l'histoire québécoise aurait
intérêt à ne point oublier. Dans ce texte, nous ferons tout d'abord une petite
biographie de Jean-Olivier Chénier et ensuite, nous tenterons de cerner en quoi
il a marqué son époque.
Le personnage
C'est dans une famille de cultivateur
de Lachine qu'est né Jean-Olivier Chénier. On possède très peu de documentation
en rapport avec son enfance mais on peut tout de même présumer qu'il eut une
enfance sans histoire. Probablement à cause de son énorme potentiel, le docteur
Kimber décide de se charger personnellement de son éducation. Il poursuit de
brillantes études au collège de Montréal où il obtînt son diplôme lui permettant
de pratiquer la médecine. Après ses études, il s'installe dans la petite
localité de Saint-Benoit où il ne tarda pas à se faire une excellente réputation
de médecin. Après la mort de son beau-père, également médecin, il déménage à
St-Eustache afin de reprendre sa clientèle. Durant cette période, il commence à
s'intéresser aux affaires publiques. Dès 1832, il participe à plusieurs actions
politiques qui avaient pour but de lutter contre les injustices faites aux
Canadiens français. Vers 1836, les troubles commencent à être perceptibles
principalement à cause de la publication des 10 résolutions Russell qui, non
seulement rejettent les 92 résolutions du Parti patriote de Louis-Joseph
Papineau, mais retirent aux politiciens du Bas-Canada le seul droit qu'ils
n'aient jamais possédé, c'est-à-dire celui qui empêche le gouverneur d'utiliser
le budget sans l'accord de la chambre des représentants. Chénier participa à
plusieurs réunions qui avaient pour but de contester ces 10 résolutions jugées
absolument inacceptables par les Patriotes. Le 23 octobre 1837, il participa à
l'assemblée des six comtés à Saint-Charles. Cette assemblée est considérée comme
le point de départ des événements de 1837.
La participation de Chénier aux
Rébellions
Les affrontements armés ont commencé
vers la mi-novembre. Les Patriotes ont tôt fait de constater leur infériorité
face à une armée mieux entraînée, mieux armée et beaucoup plus nombreuse. C'est
ainsi que la plupart des batailles furent des victoires anglaises. Certaines de
ces batailles sont demeurées tristement célèbres. C'est le cas de la bataille de
St-Eustache qui eut lieu le 14 décembre 1837.Quand les troupes anglaises, composées
de quelque 1200 soldats, sont arrivées à St-Eustache, Chénier, devenu commandant
en chef suite à la fuite du commandant Amury Girod, se réfugie avec quelque 150
patriotes mal armés dans l'église du village. Même en voyant l'importance des
troupes ennemies, il refuse de se rendre et continue à commander la poignée de
Patriotes qui lui reste. Après une tentative manquée de pénétrer dans l'église,
les soldats anglais décident d'y mettre le feu. Sachant que sa fin approchait,
il dit avant de sortir par l'une des fenêtres : “avant d'être tué, j'en tuerai
plusieurs!”. Malheureusement, il n'a eu le temps de faire feu qu'une fois
puisque à peine quelques secondes après sa sortie, il fut abattu de deux balles
en pleine poitrine. On raconte qu'après la fin des hostilités, on aurait ouvert
sa poitrine pour ensuite lui arracher le cœur que l'on a promené au bout d'une
baïonnette dans le village.
Il peut paraître difficile d’identifier
en quoi Jean-Oliver Chénier a marqué son époque. Après tout, on ne peut pas dire
qu'il a été le plus important politicien de sa génération. Il a participé à une
tentative de révolution mais il ne l'a certes pas provoqué à lui seul. Il n'a
pas non plus écrit de grandes œuvres littéraires. Mais est-ce seulement à cela
que l'on reconnaît un grand homme? Jean-Olivier Chénier s'est battu en véritable
héros durant la révolte des Patriotes. Lui qui, durant une assemblée à
Sainte-Scholastique, a promis aux Patriotes “Ce que je dis, je le pense et je le
ferai; suivez-moi, et je vous permets de me tuer si jamais vous me voyez fuir” a
prouvé que ce n'était pas des paroles en l'air. Il a en effet refusé de se
rendre malgré que les forces ennemies soient beaucoup plus nombreuses (150
patriotes mal armées contre 1200 soldats anglais très bien armés). D'ailleurs,
les historiens l'appellent l'imbécile et l'entêté ou le héros et le martyr en
fonction de leurs idées politiques. N'empêche que Chénier fut un des plus grands
héros que le Québec ait jamais connus. À ce titre, son influence sur son époque
est absolument indéniable. D'ailleurs, il y a encore aujourd'hui quelques
statues à son effigie au Québec. Maigre récompense pour les services qu'il a
rendus à son peuple.
On peut ajouter a cela son implication
non négligeable dans sphère politique d'avant la révolution. Par son implication
dans les débats à partir de 1832, il fût considéré après Papineau comme un des
chefs en importance du mouvement patriote. Il était un orateur hors pair qui
savait transmettre le feu patriotique aux foules. Ce feu patriotique c'est ce
qui le caractérisait. Il était habité d'un tel amour pour ce qui allait devenir
plus tard notre Québec tel qu'on le connaît qu'il a donné sa vie afin de le
protéger.
Le
passé composé, Vol.1, no2 (avril 2000)
© CVM, 2004
texte: http://www.cvm.qc.ca/encephi/Syllabus/Histoire/Passecompose/Chenierheros.htm
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